L'histoire de la production de papier en soie à Samarkand remonte au VIIIe siècle. En 751, la bataille de Samarkand se traduit par la défaite des Chinois, qui révèlent aux vainqueurs arabes les secrets de la fabrication du papier. L'invention se répand ainsi jusqu'en Andalousie. C'est près de Cordoue, puis Séville, qu'apparaissent les premiers moulins à papier en Europe.Samarkand était la première ville en Asie Centrale et la deuxième dans le monde après les villes chinoises , qui avait son propre papier de qualité à partir d'écorce de mûrier . Le papier produit à Samarkand était sur les routes caravanières jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le papier de Samarkand occupe une place particulière dans l'histoire du développement des relations diplomatiques et économiques entre les peuples de l'Asie et de l'Europe .Bien que le processus de fabrication du papier semble simple à première vue , il nécessite un travail important et intensif . Les branches de mûrier sont trempées dans l’eau pendat trois jours et l’écorce est ôtée. Après les fibres seront tapées pour écarser avant de les mettre dans des grandes cuves pour être boullies. La bouillie obtenue est ensuite filtrée et mise dans des cadres au format désiré,et empilée avec un intercalaire de tissu.
Elle est mise sous presse 3 jours et ensuite le séchage continu à l'air pour donner de la brillance à la feuille,un polissage est effectué avec une pierre d'agate.Cette tradition de la fabrication manuelle de papier en soie continue aujourd’hui à Samarkand et vous aurez la possibilité d'en découvrir la technique lors de votre voyage dans cette splendide ville d’Orient.
Le bois sculpté embellissait les objets d'usage courant: les supports de livre, coffres, armoires, buffets, baguiers, plumiers, tables basses, instruments de musique. Les motifs géométriques et végétaux sont toujours populaires dans la sculpture ornementale en relief. Pour la sculpture sur bois en Ouzbékistan on utilise le bois de première qualité du pays: noyer, platane, orme, genévrier, mûrier, peuplier, abricotier, et le bois importé: hêtre, chêne, pin.
L'art de la broderie au fil est apparu dans l'ancienne Babylone. En raison de sa beauté , ce type d'art se répandit rapidement de la Babylone vers d'autres pays. Sur le territoire de l'Ouzbékistan , l’art de la broderie au fil d'or était connue depuis l'antiquité puisque les vestiges de la peinture murale datant du VII-VIII - ème siècles retrouvés lors de fouilles archéologiques dans le palais d'Afrasiab ( Samarkand actuel) , témoignent les images de personnes dans une élégante robe brodée d'or .
Selon les sources conservées jusqu’ à nos jours ce genre d'art en particulier florissait à la cour de Tamerlan aux XIV- XVème siècles . Mais seulement à la fin du XIX-ème siècle cet art trouve son essor en particulier sous le règne des émirs de Boukhara. Les vêtements brodés au fil d’or (châpans traditionnels) ont été offerts aux invités d’honneur.
L’art de borderie au fil d'or de Boukhara est l'une des plus insolites et uniques dans son style . Un nombre de motifs de broderie d'or appartenait aux Emirs de Boukhara Nasrullo (1827-1860) , Abdulahad Khan (1895-1911) et Alim Khan (1911-1920) dont les exemples sont actuellement conservés dans des musées.
Avec la colonisation de l'Asie Centrale par l'Empire russe aux XIX -ème siècles, de nombreux nouveaux types de produits textiles, y compris velours sont devenus particulièrement populaires. Le velour a été principalement utilisé pour les manteaux des hommes (châpans) .
En dehors de velours , les tissus de soie et de laine recouverts de broderies d'or , même en cuir ont été largement utilisés pour la broderie. Les tissus de soie sont utilisés pour les foulards, les ceintures et les vêtements légers . Adras - broderie en soie et coton , a été utilisé pour des articles ménagers courants , tels que les tapis de prière , des taies d'oreiller . Les couleurs les plus communes pour les vêtements étaient rouge, violet , bleu foncé, vert , et surtout les vêtements des enfants ont été caractérisés par des couleurs rouges. De quoi le maître produisait - il le fil d’or et d’argent ? Pour la production de fil d'or et d’argent les artisans utilisaient de couleur naturelle . Cette technique de coloration était connue à Babylone et en ancienne Égypte . En Asie Centrale , les fils ont été principalement importés de l'Inde et de l'Iran . Depuis la seconde moitié du 19ème siècle , les fils ont également commencé à être importés depuis la Russie . En plus de l'or , on utilisait le filament de soie colorée pour le tissage. Les artisants ouzbeks créent encore aujourd’hui des produits faits à la main étonnants tels que calotte , peignoirs, tapis de prière et etc . Chaque pièce est une véritable œuvre d' art .
Lorsque l’on évoque les tapis, on pense immanquablement aux célèbres tapis de Boukhara. Contrairement à leur appellation qui n’est en fait dûe qu’à la place de marché sur lesquels ils étaient vendus, ils ne sont pas fabriqués en Ouzbékistan mais au Turkménistan. Ce sont en réalité des tapis nomades « tekke » et c’est sur le marché près d’Achkhabad que l’on peut avoir la plus belle vision de ces superbes tapis offrant toutes sones de nuances de rouge. Si le rouge occupe une place prépondérante, c’est parce qu’il symbolise la vie, le soleil, la prospérité.
Ces tapis de laine à point noué sont bien caractéristisques avec leur décor de petits octogones appelés « gui » se répétant sur le champ du tapis. La confection des tapis est exclusivement réservée aux femmes et se transmet de mère en fille. On trouve en Ouzbékistan des tapis de sol à longs poils très épais appelés « djouïkirs », des kilims, des tapis de selles, des lambrequins de porte, une grande variété de sacs pour ranger les ustensiles. Outre la laine, on utilise la soie et le coton pour les fils formant le velours. Depuis quelques années des ate¬liers se sont ouverts tant à Samarkand qu’à Boukhara où l’on confectionne des tapis de soie aux motifs inspirés par les miniatures timurides, dans le souci peut-être de retrouver les plaisirs d’une vie douce et raffinée.
Cet art millénaire en Asie centrale est attesté par l’archéologie des périodes achéménide et grecque mais ce n’est qu’après l’invasion arabe qu’il connaît un véritable essor. Les artisans arabes venus de Bagdad initient des potiers sogdiens aux nouvelles techniques et la glaçure fait son apparition. Sous la dynastie samanide (IXe-Xe siècles), les céramiques à engobe blanc décorées d’élégantes calligraphies koufiques s’approchent de la perfection. C’est sous la dynastie karakanide (XIIe siècle) qu’apparaissent les glaçures bleues, prémisses de l’âge d’or de la céramique sous les Timourides dès l’avènement de Timur à la fin du XIVe siècle. Cet art atteint alors son apogée dans le décor architectural. Les artisans essaieront d’imiter les fameuses porcelaines chinoises bleues et blanches, décorées de dragons et de pivoines. Ce passé illustre de l’histoire de la céramique est une source inépuisable d’inspiration pour les céramistes d’aujourd’hui qui s’efforcent de retrouver les techniques d’antan. La dynastie des Rakhimov, tous céramistes de père en fils, à Tachkent, a reproduit, en les réinterprétant, des modèles de l’époque kouchane et samanide. Aujourd’hui, l’art de la céramique connaît une véntable renaissance grâce aux anciens maîtres qui ont préservé les traditions et qui transmettent aujourd’hui leur savoir. Il existe plusieurs grandes écoles locales de céramique ouzbek, chacune ayant sa spécificité : celle du Ferghana (Richtan et Gurumsaraï), l’école de Samarkand et Boukhara (Samarkand, Urgut, Chakh-i Sabz, Gijduvan, Denau) et l’école du Khorezm (Khiva, Madyr). Parmi les pnncipaux centres de production actuels, nous avons choisi Richtan, dans la vallée du Ferghana, spécialisé dans la céramique à dominante bleue, et Gijduvan, près de Boukhara, spécialisé dans les céramiques polychromes.
Les suzanis, du mot persan « suzan » signifiant « aiguille », autrement dit broderie faite à l’aiguille, constituent l’un des plus beaux types de broderies traditionnelles ouzbèkes et tadjiks. Les plus anciens datent de la fin du XVII siècle. La broderie était un art traditionnel pratiqué par toutes les femmes sans aucune préoccupation commerciale jusqu’à très récemment : dans chaque famille les petites filles dès leur plus jeune âge (à 6 ans) maniaient l’aiguille avec dextérité et pouvaient déployer dans ce domaine une véritable créativité artistique. Cela faisait partie du mode de vie car les femmes restaient à la maison. Les broderies jouaient un rôle important dans le décor de la maison et étaient associées à tous les événements importants marquant les grandes étapes de la vie. Les pièces brodées étaient notamment confectionnées pour le mariage des jeunes filles. Dès la naissance d’une fille, la mère se mettait à l’ouvrage pour préparer son mariage en confectionnant des tentures brodées qui feraient partie de la dot et seraient destinées à orner les murs de la chambre nuptiale et le lit des jeunes mariés. En effet, la tradition voulait que la dot de la fiancée comprenne un certain nombre d’articles brodés, des tentures murales décoratives (suzanis), des couvre-lits (rouidjo). Le nombre dépendait de la fortune des parents de la mariée. Chaque brodene avait une signification rituelle. On attribuait à ces broderies une force protectrice magique qui devait éloigner le mauvais œil et apporter bonheur, prospérité et longévité. Les suzanis se caractérisent par un décor composé d’importantes zones brodées, laissant à découvert très peu de tissu de base, généralement une cotonnade blanche produite localement. Le suzani est composé de plusieurs bandes étroites cousues en une seule pièce. La brodeuse esquisse le motif général, les bandes sont ensuite brodées séparément pour être recousues à la fin. Les motifs sont réalisés aux fils de soie teintés avec des couleurs végétales. Il n’était pas rare que plusieurs brodeuses travaillent au même suzani, aussi perçoit-on parfois des différences de couleurs entre les bandes lorsqu’elles sont cousues ensemble. Le suzani comporte un champ central et une bordure.Les suzanis les plus réputés au XIXe siècle étaient ceux de Boukhara, Nourata, Samarkand, Chakh-i Sabz, Tachkent et la vallée du Ferghana. Les motifs sont surtout d’inspiration végétale et florale, l’idée étant de symboliser la renaissance perpétuelle de la nature. Chaque région a ses caractéristiques. Les suzanis de Chakh-i Sabz, Boukhara, Samarkand et Nourata offrent généralement une grande rosace centrale. La décoration de la bordure est faite de disques et de palmettes. Les broderies de Nourata ont par exemple un style à part : des bouquets de fleurs, des gerbes de fleurs ouvertes sont représentés sur un fond blanc. Iinfinie richesse et la diversité des motifs floraux ainsi que la fraîcheur des couleurs les placent parmi les plus belles d’Ouzbékistan.
Les suzanis de Chakh-i Sabz offrent de grands disques multicolores entourés de couronnes de feuilles et entrelacés d’arabesques. Ceux de Samarkand et de la région, comme Urgut, ont des très grands motifs aux tons rouge carmin, orange et noir et présentent des rosaces dentelées ( Leur bordure, composée d’éléments noirs aux formes très stylisées font en fait référence à la représentation d’un dragon à la gueule ouverte (adjakho), animal fantastique issu de la mythologie iranienne ancienne et considéré comme un symbole protecteur. On attribuait jadis une signification quasi magique à ces éléments qui devaient protéger contre les mauvais esprits. Les motifs solaires, lunaires et stellaires sont très présents, notamment dans les suzanis de Tachkent. On distingue deux types de broderies: paliak, provenant de l’arabe faliak (vôute céleste), et gulkurpa. Les paliak sont divisés en lunes (oi), médaillons en forme de cercles brodés, et peuvent compter jusqu’à douze lunes. Certains ont un médaillon central en forme d’étoile (youldouz paliak). Ils sont le plus souvent dans les tonalités de rouge foncé. Ces cercles et rosaces symbolisent les astres mais ont aujourd’hui perdu leur signification symbolique et sont devenus de simples éléments: décoratifs. Les suzanis du Ferghana se différencient par leurs fonds de soie ou de satin de couleur, généralement vert acide ou violet, les motifs sont composés de ramures émergeant d’une tige centrale, de buissons fleuris très fins. Ces broderies sont très raffinées et légères.
La variété des suzanis est infinie et l’on ne trouve jamais deux pièces identiques. Ces broderies sont aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs et peuvent être admirées dans de nombreux musées non seulement en Ouzbékistan mais dans le monde entier. Cet hommage rendu à ces milliers de femmes anonymes qui passèrent des armées à créer ces chefs-d’oeuvre.
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